Effets négatifs de la punition chez le chien
Par Mimi-Griotte
La punition a beaucoup d’effets négatifs sur le chien. Mais savez-vous tout sur la punition? Vérifiez-le dans cet article!
Pour le plus grand bonheur des chiens, depuis quelques années, les éducateurs canins laissent de plus en plus de côté les méthodes d’entraînement aversives, préférant l’éducation par renforcement positif avec des techniques basées sur la science.
En effet, la science nous dit qu’on peut tout à fait obtenir les résultats souhaités en utilisant ces méthodes sans qu’on ait à dominer, confronter, intimider et punir le chien. Malheureusement, trop de gens croient encore que la punition est nécessaire pour « dresser » un chien et que si on ne l’utilise pas, le chien n‘écoutera pas et ne sera jamais discipliné…
Je vous ai déjà parlé des nombreux avantages de l’éducation canine par le renforcement positif. En fait, je n’arrête pas de vous rabâcher les oreilles avec ça!
Mais pour bien comprendre un enjeu, il est important d’en connaître tous les aspects. Pour que vous puissiez faire un choix éclairé quand viendra le temps de choisir un éducateur canin pour votre chien, il vous faudra non seulement connaître les avantages du renforcement positif, mais aussi comprendre les effets négatifs de la punition chez le chien. Voici donc ce que vous devez savoir au sujet de la punition.
Est-ce que la punition est efficace ?
Oui*! La punition, appliquée de façon adéquate, est efficace. Mais qu’est-ce que cela implique ? Pour que la punition fonctionne, il faut qu’elle rencontre ces deux conditions :
1. Qu’elle soit appliquée pratiquement au moment même où le chien produit le comportement que l’on veut voir disparaître. On a moins d’une seconde pour réagir afin que le chien associe parfaitement la punition avec le comportement qu’il a produit.
2. Qu’elle soit assez douloureuse pour que le chien comprenne bien ce qu’il n’a pas le droit de faire. Donner un petit cou sur le collier étrangleur ne suffira pas. La douleur, ou l’inconfort, doit être assez intense pour avoir un effet immédiat sur le comportement, et pour que l’effet soit durable, le chien doit avoir assez peur de ressentir à nouveau cette sensation pour ne pas vouloir qu’elle se reproduise.
* Il faut savoir que souvent, la punition n’est efficace pour arrêter le comportement que lorsque vous êtes présent. Votre chien n’est pas dupe, il vous aura vite associé à la douleur qu’il a subi. Là est le plus gros problème! Il commencera à vous éviter, et le comportement n’aura pas été vraiment corrigé. Pire, Pitou apprendra qu’il est mieux de ne pas vous faire confiance, car il ne sait jamais quand est-ce qu’une punition lui tombera dessus !
La punition n’enseigne pas ce qui est désirable
Imaginez-vous dans une salle de classe, où vous devez apprendre une langue qui vous est étrangère. C’est votre première journée, et le professeur vous demande de dire « bonjour » dans cette langue. Comme on ne vous l’a pas appris, vous ne dites rien. Le professeur s’approche de vous, vous donne un bon coup de règle sur les doigts, et refait sa demande. Il ne vous dit toujours pas quelle est la bonne réponse, s’attendant à ce que vous la trouviez par vous-même, et vous punit d’un coup sur les doigts à chaque erreur de votre part. Comment vous sentiriez-vous dans une telle situation et face à ce professeur ? Comment réagiriez-vous ? Par de l’évitement, par la fuite ? Auriez-vous envie de continuer d’apprendre avec ce professeur si vous êtes puni à la moindre erreur ? Et qu’en plus, vous ne savez jamais d’avance quand la punition va arriver, puisque vous ne comprenez pas votre erreur!
Il est pourtant commun de voir cette même technique utilisée pour entraîner les chiens chez les partisans de la punition. Il n’est pas rare d’entendre dire ensuite que ces chiens sont difficiles à éduquer, et on rejette le blâme sur leur « tête de cochon ». Pourtant, si ces chiens avaient eu l’occasion d’apprendre de façon positive, ils auraient appris rapidement, et auraient eu envie de continuer à apprendre davantage!
En prenant le temps de leur enseigner ce que l’on attend d’eux et en récompensant leurs efforts, on n’a plus à punir ce que nous considérons indésirable.
La punition n’enseigne pas toujours ce que l’on veut
Un des effets pervers de la punition, est que l’on ne contrôle pas ce que le chien apprend. Prenons l’exemple d’un chiot qui saute sur les gens pour leur démontrer sa joie de les rencontrer. S’il est puni pour ce comportement, le chiot risque plutôt d’apprendre à avoir peur des gens.
Si un chien réactif aboie, se jette sur les gens dans une tentative d’éloignement ou démontre tout autre signe d’agressivité envers les enfants, les chiens ou les étrangers, la punition ne fera que le rendre de plus en plus craintif et anxieux à chaque fois qu’il est exposé à un enfant, un chien ou un étranger. Et on en fait ainsi un chien potentiellement dangereux.
La violence mène à la violence
Il a été démontré que les méthodes punitives peuvent engendrer des réactions agressives chez le chien. En effet, lorsque l’on punit un chien en utilisant la douleur ou la peur, celui-ci peut tenter de se défendre en mordant. Dans certaines situations, un chien peut aussi rediriger son agression vers une cible « innocente », que ce soit une personne ou un autre animal qui se trouve tout près mais qui n’est pas la source de sa douleur ou de sa peur.
De plus, nous savons que l’utilisation de la punition est renforçante pour celui qui l’applique et quand celle-ci ne fonctionnera pas, il ne pourra résister à augmenter la force de la punition. Cette escalade de violence, comme vous l’aurez compris, mettra en danger le bien-être de tous ceux impliqués ainsi que ceux se trouvant dans l’entourage immédiat.
La peur et la douleur gâchent la relation humain-chien
Un chien qui est régulièrement puni, évitera la personne qui lui a infligé la punition, le lieu dans lequel celle-ci a été infligée, ainsi que d’autres éléments de l’environnement associés à la punition. En utilisant la punition, nous assistons donc à une dégradation de la relation entre le chien et son humain, en qui il n’a plus confiance.
Malheureusement, beaucoup confondent respect et peur, qui sont deux concepts bien différents. Ceux qui utilisent la punition pensent donc imposer le respect à leur chien. Une relation respectueuse implique nécessairement un sentiment de confiance mutuel. Le chien qui s’écrase au sol en présence de la personne qui le punit, ou qui tente de fuir, n’est clairement pas en confiance : il a peur ! Est-ce vraiment le type de relation que nous voulons avoir avec nos chiens ?
La punition peut mener à la détresse acquise
Un chien qui a subi des stimuli douloureux ou aversifs de façon répétitive, auxquels il n’a pu échapper ou éviter, tombera en état de «détresse acquise», aussi appelée «impuissance apprise». Le chien abandonne toute tentative d’évitement ou de fuite. Il a appris que cela ne sert à rien et ne tentera plus de le faire dans le futur.
Le terme «détresse acquise» été développé après des expériences cruelles où les chiens étaient enfermés dans une boîte dont le sol était électrifié. Les chiens ne pouvant pas arrêter la douleur, ils ont littéralement abandonné et se sont allongés sur le sol. À un moment donné, on a introduit un levier qui arrêtait les décharges électriques et on l’a montré aux chiens. . Le plus triste a été de constater que malgré qu’ils pouvaient faire cesser les décharges électriques, plusieurs chiens n’ont même pas voulu l’utiliser !
La punition utilisée en entraînement n’a pas besoin d’être aussi cruelle que cette expérience pour avoir le même effet chez certains chiens. On peut voir des cas de détresse acquise chez des chiens entraînés avec des colliers étrangleurs ou à pics, des colliers électriques dits anti-jappements, des chiens qui sont frappés avec la main ou un objet, tel un journal roulé ou une spatule, etc.
Bien des entraîneurs fanas de la punition, lorsque face à un tel chien, ne reconnaitront pas l’état de détresse de celui-ci. Plutôt, ils croiront avoir « réussi » à obtenir la soumission du chien et donc, à avoir réglé le problème de comportement. Ça ne vous fait pas penser à un certain entraîneur canin américain populaire ? 😉
La punition peut mener à des blessures physiques
En plus des blessures émotionnelles subies par le chien lorsqu’il est puni, il n’est pas rare de voir des cas où la punition a causé des blessures physiques. Les coups à répétition sur le collier étrangleur peuvent causer des blessures à la gorge, à la colonne vertébrale ainsi que des dommages au cerveau, les colliers à pics peuvent transpercer la peau du cou, les décharges électriques des colliers anti-jappements peuvent finir par brûler les poils et la peau, et c’est sans compter les risques de fractures occasionnées par des coups de poing ou de pieds.
Quand on connaît les avantages de l’éducation canine par renforcement positif, et quand on sait les ravages que peut causer la punition, il me semble que le choix est clair. En tant que propriétaire de chien, on se doit d’être un protecteur, une personne responsable envers lui. Pas un dictateur. Nos chiens méritent d’être éduqués dans la douceur et le respect, et devraient être protégés de toute forme d’abus.